« La science a pour but de découvrir, au moyen de l’observation et du raisonnement basé sur celle-ci, d’abord des faits particuliers au sujet du monde, puis des lois reliant ces faits les uns aux autres, et permettant (dans les cas favorables) de prévoir des événements futurs. » Bertrand Russell.
La science est donc une notion directement liée à la notion de vérité. Un des champs de la vérité, c’est le rapport de notre esprit avec le réel, et sa tentative de connaître le réel. La science vise justement cette connaissance du réel. La façon la plus simple de comprendre la science est d’analyser point par point la définition qu’en donne Russel.
Pour cela, je vous propose d’abord de regarder cette vidéo, qui sera reprise ensuite dans l’analyse de la notion.
Tout être humain observe et raisonne. Tout être humain doit prendre en compte ce qu’il se passe autour de lui, et apprendre à en comprendre le sens. Il en va de sa survie même. Pour se nourrir, se protéger, nous devons développer nos connaissances sur le monde qui nous entoure. Observer, c’est prendre des informations sur le monde qui nous entoure. Raisonner, c’est relier ces informations entre elles afin de pouvoir lire le milieu qui nous entoure.
De ce point de vue, d’ailleurs, si l’on en croit les spécialistes du comportement animal, nous ne sommes la seule espèce dans ce cas là. La plupart des mammifères, mais aussi des oiseaux, ont cette capacité d’observer le monde qui les entoure, et de raisonner sur lui.
La capacité humaine de connaître va plus loin, parce qu’elle est capable d’affiner ses capacités d’observation et de raisonnement. C’est ce qu’on appelle la méthode scientifique.
Ainsi Galilée est préoccupé par un phénomène que nous pouvons tous constater: la chute des corps. Mais là où les autres esprits se contentent de ce constat général: “les corps tombent”, lui va tenter de comprendre le phénomène.
La science procède méthodiquement, c’est ce qui fait d’elle plus qu’une opinion. Tout d’abord elle procède méthodiquement dans son rapport à l’observation. Ce n’est pas parce que je vois une chose que ce que je vois est réel. Une observation et un fait, ce n’est pas la même chose. Par exemple, je peux observer au loin dans le désert quelqu’un qui vient vers moi, mais dans les faits, il ne s’agit que d’un mirage. L’observateur croit recevoir une information, mais comment être certain que c’est bien un fait, une observation au sujet de la réalité extérieure, et pas une simple illusion .
C’est ici qu’intervient le laboratoire scientifique. Le laboratoire est l’espace de travail du scientifique, dans lequel celui-ci s’efforce d’éliminer les éléments subjectifs de l’observation, pour arriver à constituer des faits. Les instruments du laboratoire sont des instruments qui servent à dépasser l’observation subjective (microscope, télescope, oscilloscope), et donc à se débarasser des limites subjectives, biologiques, de notre corps. Et cela, aucun autre animal n’est capable de le faire.
Exemple : Galilée veut donc comprendre le mécanisme de la chute des corps. Or un corps, ça tombe vite, trop vite pour qu’on puisse analyser ce mouvement. Son coup de génie est d’organiser, en laboratoire, un ralentissement de la chute par la fabrication d’un plan incliné muni de clochettes. Le mouvement de chute devient ainsi mesurable.
Le laboratoire, en identifiant les faits, apporte à l’esprit du scientifique des données. Mais ces données sont particulières. Le travail scientifique consiste alors à rassembler les données particulières en un ensemble cohérent, en formulant une théorie générale composée de lois nécessaires.
Exemple : Galilée, grâce à son laboratoire, obtient donc une suite de mesures mathématiques. Son génie scientifique l’amène à formuler la loi universelle et nécessaire qui rend compte de toutes ces mesures.
Dans les cas les plus favorables, le scientifique est capable, armé de sa théorie, de prédire le futur. C’est effectivement le cas de l’astronomie, qui est capable de prédire la position de toutes les planètes de notre système pour les mille ans à venir.
La définition de Russell est très utile, mais elle est restrictive. Elle affirme que la sience doit commencer avec l’observation de la nature. Or il y a une exception notable à cette définition : ce sont les mathématiques. En effet les mathématiques sont une « science abstraite ». Elles ne s’occupent pas du réel, mais de simples constructions logiques.
Ne sont-elles pas alors, de pur et simple jeux de l’esprit humain ? On peut le penser, mais il y a tout de même un mystère, un des plus grands mystères de la science : le physicien, le chimiste, le biologiste, le psychologue, utilisent les mathématiques pour comprendre la nature. Et ça marche. Il y a donc une fécondité scientifique des mathématiques qui interdit de les considérer simplement comme un jeu de l’esprit.