art

L’art est l’ensemble des procédés visant un résultat pratique. À ce titre, il est synonyme de ‘technique’. Mais ce mot en est venu à désigner plus précisément de nos jours les seuls ‘beaux-arts’.

L’art définit de manière générale la capacité humaine de produire des objets en transformant la nature. Mais sur cette base, on a coutume de distinguer les “beaux arts” et les métiers de l’artisanat. l’artisan produit des œuvres utiles à la vie humaine (le lit, l’escalier, la table, la chaise). L’artiste, lui, produit des œuvres belles. On distingue ainsi autant de genres artistiques (la peinture, la musique, la sculpture, la danse, la poésie, le théâtre, et le cinéma).

Il entre beaucoup plus de prestige dans l’activité artistique que dans l’activité artisanale, pourquoi ? Tout d’abord parce qu’on n’attend rien d’exceptionnel de la part de l’artisan. Si les chaises du menuisier se ressemblent, où est le problème si elles sont utiles (solides, confortables, etc…). Au contraire, de l’œuvre, on n’attend aucun service, puisque le seul rapport que l’on a avec elle est un rapport de contemplation (on regarde un ballet, ou une toile, on écoute une musique, etc…). Le prestige des métiers artistiques par rapport aux métiers de l’artisanat vient de là: l’objet produit par l’artisan disparaît dans l’usage qu’on en fait. Il se contente de servir à quelque chose. Mais l’œuvre de l’artiste, au contraire, est contemplée pour elle-même.

La valeur de l’œuvre d’art ne vient donc pas de son utilité, mais de sa beauté. Par conséquent, comprendre la dynamique artistique, c’est se demander ce qu’est la beauté. La beauté est un sentiment, un sentiment de plaisir éprouvé au contact de formes sensibles (qu’elles soient visibles ou sonores). On parlera donc de sentiment esthétique.

Or si l’œuvre d’art est prestigieuse, c’est d’abord parce que grâce à elle, l’artiste est capable d’attirer, voire de fasciner la conscience d’autrui. La chaise du menuisier m’est utile, mais elle n’est utile qu’à moi, parce qu’elle ne peut servir qu’à une personne à la fois. Au contraire, l’œuvre d’art, parce qu’elle n’a besoin que d’être contemplée, peut exercer ses effets sur un grand nombre de personnes, et parfois au même moment (c’est le principe des concerts, ou de la salle de cinéma). Dans la contemplation esthétique, les individus deviennent un public dont l’attention est captée par l’œuvre.

C’est pourquoi le génie des artistes a si souvent fasciné les États et les Religions.

Il est par conséquent tentant pour tous ceux qui s’occupent d’un public, soit qu’ils cherchent à l’orienter dans une direction (les religions), soit qu’ils cherchent à le soumettre (les États), soit qu’ils cherchent à lui vendre quelque chose (les entreprises), d’attirer à eux le pouvoir des artistes en leur faisant produire des œuvres qui orientent le public vers un objet précis de contemplation. C’est le principe de la propagande politique, de l’art religieux, ou de la publicité.

Platon disait à ce propos qu’il est essentiel pour toute société de contrôler ses artistes, car leur puissance de fascination est telle qu’ils pourraient détourner les individus de leurs préoccupations sociales. On constate d’ailleurs encore de nos jours que les arts de masse (musique et surtout cinéma) servent les intérêts commerciaux, politiques, voire religieux des États où ils fleurissent.

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