“Système solidaire de croyances et de pratiques relatives à des choses sacrées, c’est-à-dire séparées, interdites, croyances qui unissent en une même communauté morale, appelée Eglise, tous ceux qui y adhèrent”. (Emile Durkheim)
Dans la citation ci-dessus, on peut repérer trois grandes caractéristiques de la religion: tout d’abord le credo, cet ensemble de croyances. Être religieux c’est être croyant. C’est-à-dire affirmer qu’il existe une dimension particulière de la réalité (les Dieux, les Esprits) invisible aux yeux de celui qui ne croit pas, et qui constitue pourtant le cœur de toute la réalité.
Ensuite le code de morale. Le croyant doit, pour s’ouvrir à cette dimension particulière de la réalité accepter de suivre un certain nombre de règles, et ainsi s’engager sur une voie.
Enfin une Eglise, c’est-à-dire une institution humaine, dont le rôle est d’encadrer les fidèles dans leur pratique, à la fois sur le plan de la croyance et du code de morale. L’Eglise, qu’elle soit bouddhiste, chrétienne, musulmane ou Hindouiste, suppose ainsi une hiérarchie réunissant notamment le clergé, l’élite religieuse et directrice, et les fidèles.
Toute cette organisation religieuse, la croyance, le code de morale, le clergé, s’appuient sur une distinction fondamentale, la distinction entre le sacré et le profane. Le niveau profane, c’est celui de la réalité dont nous faisons tous l’expérience. Au principe de la religion il y a l’idée qu’on peut dépasser ce niveau de réalité, que l’être dont nous faisons l’expérience n’est qu’un être limité et secondaire, et qu’il y a, en dessous, au delà de lui, une réalité transcendante que seule la conversion et la pratique religieuses permettent d’atteindre: c’est cela qu’on appelle le sacré.
La plupart des religions basent cette distinction du sacré et du profane sur l’existence d’un ou de plusieurs Dieux. (on parle de monothéisme ou de polythéisme). Le sacré renvoie à cet univers divin, et à tous les dispositifs mis en place dans notre réalité pour établir un lien avec eux (la mosquée, l’Eglise, le monastère, le temple, le sacrifice, la prière, etc…).
Mais il existe une religion qui ne fonde pas cette distinction du sacré et du profane sur les Dieux, c’est le bouddhisme. Dans cette religion, la sacralisation de l’existence passe par le respect des enseignements de leurs maîtres spirituels, tous humains, les Bouddhas.
On a souvent tendance à distinguer les religions authentiques des sectes. Mais comment établir une distinction claire et tranchée entre les deux ? C’est ce qu’a tenté de faire un philosophe anglais, John Locke: la religion véridique a un but très clair. Si elle se développe comme institution, c’est pour permettre à chacun de se convertir, c’est-à-dire de se tourner vers le sacré, de nouer un rapport intime, personnel avec le sacré, avec le ou les Dieux. Donc son but est de permettre à chacun de développer un rapport intime, personnel avec le sacré. La fausse religion par contre, vise tout autre chose: elle se sert de la conversion, du discours sur le sacré, pour augmenter sa puissance temporelle, profane.
La distinction est très nette, donc, mais elle est très difficile à établir. C’est tout le problème de l’embrigadement dans une secte: on ne montre pas, évidement, au nouvel adepte, qu’on veut le manipuler. Donc les pratiques sectaires ressemblent à s’y méprendre, dans les premiers temps, aux pratiques religieuses.